SUP DE LUXE MICHEL GUTEN

Portrait photo by Adrien Plaud

SOON a rencontré Michel Guten, l’homme qui a créé en 1990 avec Alain-Dominique Perrin au sein de la Maison Cartier SUP DE LUXE, le premier institut de formation au monde créé et dirigé par les professionnels du secteur. Thibault de La Rivière directeur de Sup de Luxe depuis sa création en a pris la présidence en cette fin d’année. 

On peut dire de Michel Guten qu’il est un bâtisseur du luxe. Son parcours professionnel laisse rêveur et encourage tous ceux qui s’engagent dans ces métiers du luxe, à œuvrer pour un avenir empreint de passion et d’humanité. Persuadé que la vente et tout ce qui l’entoure est le fer de lance de la réussite commerciale, Michel Guten a sillonné la planète, animé par un souci constant de mettre l’humain au premier plan.

Michel Guten, comment vous est venue l’idée de créer L’Institut Supérieur de Marketing du Luxe ? 

Cette idée est née du fait qu’à l’époque, Cartier démarrait fort. Nous avions donc des besoins importants en recrutement.  Pour assurer le devenir de l’entreprise, nous avons eu l’idée avec Alain Dominique Perrin, de créer une école de formation en interne. Le but premier était de chercher à former des collaborateurs qui seraient opérationnels dans le monde entier car la maison Cartier était en pleine expansion internationale. Il fallait développer une structure de formation en interne et en externe pour pouvoir former nos futurs cadres, une formule complètement inédite et innovante, inexistante il y a 34 ans. Ainsi est née SUP DE LUXE.

Nous avons donc été les pionniers avec L’Institut Supérieur de Marketing du Luxe. Aujourd’hui, les écoles du luxe ont essaimé mais la quantité ne fait pas la qualité. On assiste de plus en plus à la naissance au sein de grandes entreprises d’écoles consacrées à l’artisanat et aux métiers de la main comme l’école des Arts Joailliers chez Van Cleef & Arpels. La preuve que s’investir dans la formation est devenu incontournable pour assurer la pérennité des marques. 

La particularité de SUP DE LUXE, c’est que nous formons des personnes pour être directement opérationnels et aptes à bien comprendre comment fonctionne l’entreprise. Nous sommes attachés à engager des professionnels qui enseignent aux futurs professionnels avec des méthodes de professionnels. Il s’agit de transmettre comment agir et réagir une fois entrés dans le monde du travail avec les notions pratiques du quotidien de l’entreprise. 

C’est pour cela qu’aujourd’hui nos étudiants sont recherchés par les grandes maisons du luxe. Nous sommes conscients que la théorie est essentielle mais la pratique l’est tout autant, et c’est ce qui fait notre force. 

Qu’est-ce que le vrai luxe aujourd’hui ? 

Le luxe est une notion très personnelle et chacun s’invente son luxe.

Une belle montre, une paire de chaussures, un beau bijou, partir à la campagne, l’air pur, les loisirs, le plaisir…les luxes sont très variés. Ce n’est donc pas systématiquement synonyme de produit. Et le luxe évolue. Ma mère a porté le même parfum tout au long de sa vie mais aujourd’hui ma petite famille, toutes générations confondues, porte plusieurs parfums selon les moments de la journée et leur humeur. Les temps ont changé.

Le luxe d’antan était réservé à une élite, Aujourd’hui il s’adresse à toutes les couches de clientèle à travers le monde. Chaque moment de la journée peut devenir un moment de luxe. Thibault de La Rivière nous rappelle que « le luxe rassure les gens qui ont besoin de se donner une identité et nous l’avons vu avec la phobie de la logo mania.»

Le luxe est une vraie industrie qui se situe juste derrière l’aéronautique. Les marques de luxe sans perdre leur identité sont pour la plupart intégrées dans des grands groupes. Tant qu’il y aura des femmes, le luxe survivra car elles voudront toujours être belles et élégantes. 

Pour donner de la perspective, Thibault de La Rivière, nous souffle que le luxe à la personne soit passé au niveau mondial en l’espace de 30 ans de 60 à 380 milliards. Quant aux prévisions dans les 5 ans à venir elles tablent sur plus de 400 milliards d’euros. 

Est-ce sain de rêver toute sa vie ?

Pour moi le rêve est le meilleur moment du sommeil et n’a rien à voir avec le business. On ne rêve pas, on a envie, ce sont des mots. Une marque comme Vacheron Constantin qui a 268 ans est toujours à la mode car son équipe de dirigeants conserve l’essence de la marque tout en l’adaptant à l’époque dans laquelle ils vivent. Une marque de luxe ne meurt jamais et elle peut même renaître de ses cendres car ce sont les hommes et les femmes qui la dirigent qui la font vivre. 

C’est la raison pour laquelle la formation a une importance capitale. 

On m’a récemment demandé : qu’est-ce qu’un bon manager pour vous ? D’abord, il doit avoir la marque dans le ventre comme une femme porte un bébé, sinon, c’est un mercenaire. Et la deuxième chose, il doit aimer ses collaborateurs parce que s’ils ne les aiment pas, eux ne l’aimeront pas non plus. Les choses les plus simples sont les plus efficaces et dès que c’est compliqué ça ne marche plus. 

« Il n’est qu’un luxe véritable et c’est celui des relations humaines » (Antoine de Saint-Exupéry). Qu’est-ce que cette citation vous inspire ?

Non seulement elle m’inspire, elle me précède et elle perdurera car l’humain demeurera toujours au centre de tout. C’est dans ce sens que nous avons tenu à célébrer les 30 ans de Sup de luxe lors d’un gala rassemblant nos partenaires historiques parmi lesquelles toutes les grandes maisons de luxe. Lors de cet évènement, nous avons organisé une vente de charité en partenariat avec Christie’s qui a permis de récolter 34 250 Euros au profit de l’association La Fabrique Nomade. 

Créée en 2016 par Inès Mesmar, La Fabrique Nomade agit pour l’insertion professionnelle d’artisans d’art migrants et réfugiés en France. Ils sont porteurs de savoir-faire précieux dont certains travaillent désormais pour des Maisons de luxe.

Interview by Mário de Castro

www.supdeluxe.com