Il y a comme un parfum d’Italie ce lundi matin dans la boutique de Christian Liaigre.
Ce superbe hôtel particulier reconverti en luxueux showroom sera aujourd’hui le théâtre d’une séance photo avec Monica Bellucci.
Il est 10 heures et tout le monde s’affaire dans un calme religieux…
On entend murmurer Farouk le styliste :
-« Tu l’as vu ? Elle est arrivée ?».
Jean-Marc, un des deux assistants stylistes, passe un coup de fer sur des robes de fée.
Une trentaine de tenues sont suspendues sur d’immenses portants, une dizaine de paires de chaussures aux talons vertigineux jonchent le sol. Sur une table, des ceintures, un corset en cuir, une paire de lunettes noires Gucci et toujours ce silence…
L’assistant photo vérifie la lumière et demande à Glenn, le second assistant styliste à la peau claire, si il veut bien faire la doublure de Monica pour les derniers réglages, il s’exécute ravi. Paul, en charge du making-of, vérifie ses cadres…
Un peu plus loin, j’aperçois John Nollet, hiératique, chicissime en veste beige, chemise blanche et pull kaki qui boit un café paisiblement en «checkant» son téléphone.
C’est lui qui va transformer son amie Monica… oui la transformer… car aujourd’hui l’actrice sera blonde le temps d’une journée sous l’objectif du photographe Patrice van Malder.
Onze heures et la comédienne n’est toujours pas arrivée…
-«Ça fait partie du jeu », me souffle Olivier de Larue Dargère, initiateur de la série.
-«Si elle arrivait à l’heure, ce ne serait pas drôle ! »
Deux gardes du corps sont présents pour veiller sur des bijoux et notamment sur un collier CARTIER que portera l’actrice lors du shooting.
Près d’une heure plus tard, on entend enfin parler italien dans l’escalier :
-«Elle est là ?», s’inquiète Farouk.
L’actrice arrive et tous les regards se tournent vers elle. Elle serre la main de tout le staff, presque timide dans un demi sourire et lâche un « mais c’est génial ! » très sonore en apercevant qu’un des gardes du corps des bijoux est une femme.
L’actrice semble cependant très intimidée derrière ses lunettes noires XXL.
Elle est magnifique dans sa chemise blanche et son jean, toute fine perchée sur des très hautes bottines noires à lacets.
-«Je suis ravie d’être avec vous ! Je suis prête pour le maquillage, les cheveux… ».
On dirait une petite fille qui s’apprête à jouer à la princesse et c’est Letizia Carnevale, sa maquilleuse depuis plus de 15 ans, qui l’entraîne vers la pièce dédiée à la métamorphose…
-«Ciaooooo !».
L’équipe en profite pour grignoter un sandwich sur la terrasse ombragée.
Farouk, Jean-Marc et Glenn sont impatients :
-«Elle est vraiment magnifique !».
-«Hâte de la voir dans la robe Schiaparelli… c’est tellement Monica !».
-«Le blazer en cuir lilas Gucci avec la robe gitane, ça va être dément… ».
Un peu plus tard dans la « fitting room » improvisée, c’est l’effervescence…
Monica fait son entrée et découvre les tenues. Elle est sublime avec ses cheveux blonds qui lui donnent des faux airs de Monica Vitti, elle semble adorer le «shopping».
-«Ohhhh, c’est très beau, et ça… bello ! Regarde John… ».
John Nollet réajuste quelques mèches pendant que Monica enfile la première tenue, un trench en cuir hyper sexy signé Alaïa.
Le shooting débute et lorsque je jette un œil sur le retour caméra de Paul, je suis fasciné…
Devant moi, Monica est sublime mais dans le retour vidéo de Paul, Monica est bien plus que ça, elle est magnétique, mystérieuse, irréelle, sidérante, secrète… Son visage capte la lumière d’une façon incroyable et c’est toute une histoire qu’on peut lire dans ses yeux.
La magie de l’actrice s’opère devant moi et je comprends le plaisir que le photographe éprouve à capturer « LA Bellucci » dans son objectif.
Très rapidement, Patrice semble avoir obtenu les images qu’il souhaitait. Monica lui demande si elle peut voir les photos et semble ravie.
-«Bravo Patrice ! Oh, c’est très beau… Le blond, c’est incroyable hein ? J’ai tourné un film pour lequel j’étais blonde il y a quelques temps et tu sens que les regards se posent sur toi, même de dos… C’est dingue !».
Changement de tenue et c’est maintenant dans une robe rose que la comédienne fait son apparition.
-«J’adore ! On dirait un nuage flashy. C’est très joli».
En effet, cette robe fushia Schiaparelli est divine sur elle .
Ce rose et cette blondeur me rappellent l’affiche de « Paris Texas » de Wim Wenders.
Monica s’amuse à prendre la pose, elle sait exactement, instinctivement, ce qui lui va ou ne lui va pas. Elle s’amuse, virevolte, fait des blagues, mélange le français et l’italien, et tutoie maintenant tout le monde.
Il est presque 16 heures et c’est dans une robe Valentino qu’elle apparaît.
Je partage l’ascenseur avec elle et l’accompagne un étage plus bas en me demandant comment elle fait pour être si à l’aise avec des talons si hauts…
-«Mais cette robe, elle est incrrrrrrroyable ? Ça, c’est pour un red carpet, c’est sûr !».
Effectivement, c’est le festival de Cannes dans l’ascenseur !
Plus je la regarde et plus je me demande si elle fut un jour brune tant cette blondeur accordée à son teint diaphane semble être fait l’un pour l’autre.
-«Je suis contente que le SOON reprenne, ça va être beau les photos !».
Pendant que Patrice la shoote, Monica observe le lieu, les objets dans la pièce :
-«C’est incroyable ces volumes, le plafond est magnifique, ça ferait un bel appartement».
Il y a quelque chose de très heureux chez elle, un enthousiasme qui fait du bien, une fraîcheur, une candeur, un mélange de proximité et de retenue…
On sent la comédienne libre et épanouie, belle comme jamais.
Les tenues s’enchaînent, toutes plus spectaculaires les unes que les autres jusqu’à ce long fourreau à paillettes qui lui marque la taille et la fait ressembler à une Marylin Monroe longiligne, période happy birthday mister president…
-«C’est possible d’avoir un peu de musique ?».
La musique n’arrivant pas, je me permets de dégainer mon téléphone et je choisis un titre de Diana Ross qui me semble approprié et voilà Monica qui se met à chantonner « I’m coming out » les bras en l’air devant un photographe complètement ébahi par tant de naturel…
Dix-neuf heures, Monica ne s’est toujours pas arrêtée une minute et c’est devant un miroir qu’on la retrouve dans un blouson à paillettes noires, une jupe transparente hyper glitter et des stilettos argent.
Le photographe veut ce dernier cliché très dramatique, un maquillage qui coule, quelque chose d’un peu triste et mystérieux …
Monica se met à plaisanter en regardant son reflet dans ce miroir à plusieurs facettes très « Dame de Shangai »… Je l’observe s’amuser, j’en profite car il est presque 20 heures et c’est bientôt la fin de la journée.
-«Letizia ? Tu pourras me faire deux ou trois photos comme ça en blonde ? Je voudrais bien que la réalisatrice me voit comme ça !».
On n’en saura pas plus mais quelque chose me dit que l’on n’a pas fini de la voir en blonde ! (ndlr elle tournera finalement le film en blonde…)
Avant de partir, petite séance photo-souvenir avec les membres de l’équipe qui veulent tous immortaliser le moment.
Monica s’exécute patiemment, un mot gentil pour chacun et embrasse tout le monde comme du bon pain, puis disparaît toujours blonde dans une berline croisant des passants qui ne la reconnaissent pas.
Son parfum flotte toujours dans la pièce et l’on se dit que la Dolce Vita doit ressembler à une journée passée avec Monica.
Ne ratez pas MONICA BELLUCCI pour la première fois sur scène au à partir du 27 novembre 2019.
MONICA BELLUCCI – MARIA CALLAS
Mise en scène par Tom Wolf
Du 27 novembre au 6 décembre au studio Marigny, Paris 8°