MAGRITTE x LALIQUE
De René Lalique à René Magritte
« Créer ce qu’on n’a pas encore vu »…René Lalique l’a fait. Joaillerie, verrerie, décoration intérieure, cet artiste visionnaire s’est fait connaître dans le monde entier. Symbole du Made in France et du luxe à la française depuis 1880, la maison excelle dans un savoir-faire en constante évolution.
La fondation Magritte, à l’occasion des 125 ans de la naissance de l’artiste a dévoilé l’univers énigmatique et poétique de René Magritte décliné en sculptures de cristal. En créant ces œuvres uniques et extraordinaires en édition numérotée, Lalique fait ainsi perdurer dans la modernité la force créatrice de ses métiers d’art d’origine.
Bien que René Magritte et René Lalique ne se soient jamais rencontrés, c’est leur créativité qui les a réunis. Comme René Lalique avait osé prendre des libertés pour créer avec du verre, Magritte développe
sa propre syntaxe, une langue qu’il cultive avec des compatriotes poètes et musiciens, et qui lui vaut d’être reconnu – au premier coup d’œil – comme l’un des plus grands artistes du XXe siècle.
À la simple évocation du nom de Magritte, aujourd’hui, les premières images qui nous viennent à l’esprit sont celles d’une pipe, d’une pomme et d’un chapeau melon. C’est précisément pour l’importance de ces objets dans l’œuvre du peintre comme pour leur iconicité et leur
représentativité que Lalique a voulu les réaliser en cristal.
Si l’on s’attarde sur l’œuvre peinte de Magritte, on constate que le cristal et le verre sont des motifs récurrents. D’ailleurs, le verre en cristal constitue la réponse au « problème du nuage » qui occupe Magritte en 1960. Le tableau La Corde sensible en est l’illustration.
Le peintre emprunte à ces matériaux, la transparence et la luminosité. Comme la peinture de Magritte, le verre et le cristal se caractérisent par une transparence qui ne résout en rien leur mystère ; c’est
en réalité la pureté et la luminosité qui déconcertent et fascinent. René Magritte a pleinement exploité ce paradoxe, comme l’avait fait René Lalique avant lui. Les deux artistes ont simplifié les formes.
René Lalique a révolutionné l’utilisation du verre dans les arts décoratifs tandis que le dessin épuré de Magritte confère à sa peinture une présence d’une force incomparable.
Les tableaux du peintre René Magritte sont ancrés dans l’inconscient collectif. Magritte avait un don pour trouver des images fortes qui restent gravées dans les mémoires. La girafe tout entière contenue dans un verre en cristal est inspirée de la gouache, intitulée, Le Bain de Cristal.
La cristallerie Lalique a parfaitement associé un cristal sablé à un cristal poli et a créé une sculpture qui se trouve confrontée à un verre surdimensionné.
Le peintre surréaliste aimait jouer aux associations d’idées. Il a peint des pommes, parfois seules, en binôme, sous un ciel de jour ou sous un ciel de nuit, intitulées Le Prêtre Marié. Lalique l’a fait en cristal incolore selon la technique de la cire perdue.
L’iconique pipe célèbre dans l’œuvre du peintre se retrouve dans La Trahison des Images, le chef-d’œuvre qu’il a peint en 1929. Elle est magique dans son cristal incolore Lalique.
Une autre œuvre incontournable de Magritte est sans contestation le chapeau melon qui existe à la fois sous forme de tableau et objet, intitulés Le Bouchon d’Épouvante. Le travail de Lalique s’inscrit assez naturellement dans un procédé dont on imagine aisément que Magritte aurait pu être le complice.
By : Mário de Castro
© Photothèque R. Magritte, Adagp Images, Paris, 2023