JOSÉ MÁRIO BRANDÃO Une âme de Galériste

 

Miguel Soares
Left Exit 01, série 2048 ( 2016)

Rencontre à Lisbonne avec le célèbre galériste portugais José Mário Brandão, à la tête de la Galeria Graça Brandão.

José Mário Brandão, qu’est-ce qui vous a amené à l’ART? 

J’aimerais vous faire la même réponse que celle de l’archevêque brésilien do Rosário qui affirmait avoir vu un jour cinq anges descendre du ciel, sans doute envoyés par Dieu, qui lui ont dit que faire de sa vie, à savoir créer de l’Art. Ce dernier a reconnu ne pas aimer cela mais y a consenti par devoir. 

Je suis arrivé dans le monde de l’art vraiment par hasard et je n’ai pas choisi ce métier de même que je n’ai jamais choisi de venir au monde. Avec le temps, c’est devenu une histoire d’amour, entre l’art et moi. J’aime ce métier.

Que pensez du monde de l’art actuel ?  

Compte tenu des facilités immenses dont on dispose pour se déplacer et voyager – ce qui n’était pas le cas auparavant – un champ de possibilités s’offre à nous. Et cependant, avec la technologie qui nous amène le monde à notre porte, l’ART d’une certaine manière finit par être le même partout et perd ainsi son identité propre. Pour faire face à la chose, il nous reste encore heureusement de véritables artistes, ceux sur qui s’est penché le Créateur, qui se détachent du lot et nous surprennent tous les jours.

Pouvez-vous me raconter quelques anecdotes sur ces personnages du monde de l’Art avec qui vous avez cohabité ?

Un jour, je me suis retrouvé à Paris chez le peintre Arpad Szenes et sa femme, l’artiste- peintre portugaise, Maria Helena Vieira da Silva, alors qu’il était en train de montrer ses dessins à une étudiante des Beaux-Arts. C’était un homme brillant et pour moi, il était le centre du monde. Soudain, sa femme est entrée dans la pièce et lui s’est lancé dans une véritable déclaration d’amour (il était fou d’elle) : il s’est levé, a attrapé un projecteur imaginaire qu’il a dirigé sur elle, en l’appelant de son petit nom « Bichounette » et très vite toute l’attention se porta sur elle.

Une autre histoire :  lorsque j’étais très jeune et que je m’occupais d’une galerie à Porto, j’avais organisé une exposition qui s’intitulait : “Music, Sound, Language, Theatre”. C’était pendant les années qui ont suivi la Révolution des œillets au Portugal (1974). A cette époque, les États-Unis cherchaient à nous vendre leur Coca-Cola et leurs McDonald’s et en même temps ils étaient très actifs dans l’organisation d’événements culturels plutôt intéressants. Lors d’une de ces manifestations, j’ai eu la chance de rencontrer le compositeur, poète et plasticien américain, John Cage, qui m’a alors demandé de l’emmener dans un restaurant macrobiotique.

Au cours de ce déjeuner, il m’a avoué qu’il vivait avec le célèbre danseur et chorégraphe américain Merce Cunningham et qu’ils voyageaient beaucoup, ce qui ne leur laissait guère le temps de s’occuper de leurs chats et de leurs plantes. Spontanément, il me proposa d’aller vivre chez eux à New York, pour m’occuper des chats et des plantes. Comme le chantait Jacques Brel, “j’étais beau et con à la fois” et je lui ai répondu que je ne connaissais pas New York et que c’était sûrement une ville très bruyante. Il m’a alors rétorqué, tout en m’embrassant : “But young man the noise is my business !

Expos : A Curva da Estrada / A Magia no Olhar Jusqu’au 17 décembre2022

 By: Mário de Castro

www.galeriagracabrandao.pt

 

Victor Arruda

Na Areia movediça, 1994

Albuquerque Mendes

Sans titre, Série Pau Brasil, 2013/2014