Dès le milieu des années 60, alors qu’il a déjà accompli un solide parcours dans des fonctions artistiques pour des magazines prestigieux à Paris, Londres, New York ainsi qu’au sein des Grands Magasins du Printemps, il décide de se consacrer entièrement à la photographie. Très vite son style, qu’on appelle désormais du nom de son auteur, caractérisé par ses couleurs pastel, sa lumière douce au flouté artistique, ses ambiances vaporeuses, va s’imposer et marquer les esprits pour longtemps. David Hamilton travaille tout simplement avec un appareil et la seule lumière du jour, sans aucune sophistication, sans artifice, à l’instinct, dans une recherche d’harmonie parfaite comme les peintres qui l’ont inspiré depuis son plus jeune âge. Sa passion pour la peinture, il l’exprime dans ses photographies de paysages, de plages, de fleurs, mais c’est véritablement à partir de 1970, alors qu’il traduit la chanson de Leonard Cohen « Suzanne » pour le Twen Magazine, que David Hamilton rencontre un succès planétaire avec ses photos de jeunes filles adolescentes aux formes graciles, nues ou à peine vêtues de voiles, de dentelles, portant grands chapeaux romantiques et couronnes de fleurs. Dans ce qu’il appelle désormais son « paradis sur terre », sa maison de Ramatuelle achetée en 1962 et les décors « tout faits » des environs de St Tropez, il crée un monde au romantisme exacerbé, onirique, fait de charme et de spontanéité. Son premier livre  » Rêves de Jeunes Filles » publié en 1971, sorti simultanément à Paris, Londres et New York rencontre un succès immédiat. Suivront d’autres titres, posters, cartes postales, calendriers, vendus dans le monde entier à des millions d’exemplaires. La notoriété est immense, les livres, expositions, films, campagnes de publicité se succèdent, les voyages aux quatre coins de la planète car il est réclamé partout! L’oeuvre de David Hamilton toute entière s’inscrit dans les années 70. L’ époque est à l’anticonformisme, à la libéralisation des moeurs. La jeunesse revendique la liberté sexuelle, la nudité est à la mode. Ses photographies ne font qu’exprimer une libération des corps qui est parfaitement dans l’air du temps! Sans tabou, on parle alors ‘érotisme et personne n’est choqué par ses nus. Il cite volontiers certains vintage dont il dit : « c’est une autre Origine du Monde, mais pas celle de Courbet! Elle se différencie par une autre forme de puissance : des courbes parfaites, délicates, précises, précieuses, fragiles. Jamais vu auparavant! » Et il résume : « c’est l’âme des jeunes filles qui est dans mes oeuvres. Innocence, pureté et harmonie y sont pour toujours ». L’harmonie dont il constate avec amertume qu’elle est, de nos jours, remplacée par la vulgarité et l’expression de la violence du monde. Car aujourd’hui le monde a changé. Autres temps, autres moeurs déplore David Hamilton qui explique simplement : « j’ai toujours aimé capturer la pureté du corps tout juste formé de la jeune fille. Il n’y a pas de culpabilité dans mes images. La culpabilité est ailleurs, pas dans mes images! L’innocence n’existe plus aujourd’hui, plus personne ne comprend ce que c’est! Tout ce qu’on a pu faire dans les années 70 ne serait plus possible aujourd’hui et c’est bien dommage! » (Maguy Mayeras, son agent à Paris)